L’année littéraire 2025 aura décidément été celle de Nathacha Appanah. Après le prix Femina 2025, l’autrice mauricienne décroche le prix Goncourt des lycéens pour son roman La Nuit au cœur, publié chez Gallimard. Un doublé rare qui confirme la puissance de ce texte consacré aux violences faites aux femmes et à la survivance.
« La Nuit au cœur » : trois destins de femmes face aux violences masculines
Au centre du livre, trois trajectoires de femmes liées par une même spirale de violences conjugales :
- Chahinez Daoud, brûlée vive par son mari à Mérignac en 2021 ;
- Emma, cousine de l’autrice, tuée par son époux à l’île Maurice en 2000 ;
- et Nathacha Appanah elle-même, qui raconte avoir fui un compagnon violent et paranoïaque.
En mêlant enquête intime, récit autobiographique et réflexion politique, La Nuit au cœur explore l’emprise, la peur, la honte, mais aussi l’élan de vie qui pousse à s’en sortir. La plume d’Appanah, à la fois précise et poétique, fait surgir la complexité des sentiments dans ces « foyers d’amour » où l’amour se transforme peu à peu en poison.
Un Goncourt des lycéens très prescripteur
Remis à l’Élysée le 27 novembre 2025, le prix Goncourt des lycéens est décerné par près de 2 000 élèves issus de 57 lycées en France et à l’étranger, qui lisent et débattent pendant plusieurs mois autour d’une sélection de romans calquée sur celle du Goncourt.
Cette année, La Nuit au cœur l’a emporté face à :
- Laurent Mauvignier pour La Maison vide (éditions de Minuit), lauréat du prix Goncourt 2025 ;
- David Deneufgermain (L’Adieu au visage, Marchialy) ;
- David Thomas (Un frère, L’Olivier) ;
- Paul Gasnier (La Collision, Gallimard).
Très suivi par les libraires et les médiathèques, le Goncourt des lycéens peut générer, certaines années, plusieurs centaines de milliers d’exemplaires vendus. De nombreux lauréats – de Gaël Faye à Neige Sinno, en passant par Alice Zeniter – ont vu leur carrière prendre un tournant décisif après cette récompense.
Un doublé historique avec le prix Femina pour Nathacha Appanah
Quelques semaines avant le verdict des lycéens, le jury exclusivement féminin du prix Femina couronnait déjà La Nuit au cœur, saluant un roman qui dissèque les mécanismes de l’emprise exercée par des hommes jaloux, violents et manipulateurs.
Avec ce doublé Femina + Goncourt des lycéens, Nathacha Appanah rejoint le cercle restreint des autrices et auteurs récompensés la même année par plusieurs grands prix littéraires. Ce succès critique s’ajoute à une trajectoire déjà riche : l’écrivaine, née en 1973 à Mahébourg (île Maurice) et installée en France, s’était fait connaître avec Le Dernier Frère et Tropique de la violence, deux romans largement salués.
Un roman au cœur des enjeux de société
Si La Nuit au cœur touche autant les jurys que les lectrices et lecteurs, c’est parce qu’il entre en résonance avec une réalité glaçante : en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint. En retraçant trois histoires de féminicide et de survie, le livre redonne nom, visage et parole à ces femmes souvent réduites à une brève dans les faits divers.
Emmanuel Macron, qui a remis le prix à l’Élysée, a salué un roman « magnifique et bouleversant » et insisté sur le rôle de la lecture comme « acte de résistance » face à la passivité des écrans. Un message fort adressé à la jeunesse, au moment même où celle-ci plébiscite le livre d’Appanah.
Pourquoi « La Nuit au cœur » de Nathacha Appanah est LE livre à lire en 2025
- Un sujet brûlant d’actualité : les féminicides et les violences conjugales restent au centre du débat public. Le roman donne des clés pour comprendre ces drames au-delà des chiffres.
- Une autrice reconnue, mais encore à découvrir par le grand public : doublement primée en 2025, Nathacha Appanah devient incontournable dans les rayons littérature française contemporaine.
- Un texte accessible aux lycéens comme aux adultes : la narration alterne enquête et introspection, ce qui en fait un support idéal pour les clubs de lecture, les enseignants et les médiathèques.
- Une puissance émotionnelle qui favorise le bouche-à-oreille : les jurés lycéens mettent en avant une écriture « complexe, juste et poétique », capable de toucher un lectorat large.