Le 24 novembre 2024, Yoji Kuri, maître de l’animation japonaise indépendante, s’est éteint à Tokyo à l’âge de 96 ans. Créateur prolifique et innovant, il a marqué le paysage de l’animation mondiale en transformant le court-métrage en une véritable forme d’art. Avec un style graphique minimaliste, un humour absurde et un regard incisif sur la condition humaine, Kuri laisse un héritage artistique inégalé.
Une carrière tournée vers l’art et l’innovation
Né le 9 avril 1928 dans le département de Fukui, Yoji Kuri abandonne une carrière militaire promise par son père pour se consacrer à l’art. Fasciné par les caricatures satiriques de Taizo Yokoyama, il débute dans les années 1950 avec un premier album de dessins humoristiques qui rencontre un succès immédiat.
Inspiré par le cinéaste canadien Norman McLaren, Kuri fait ses premiers pas dans l’animation en autodidacte. En 1960, il réalise Fashion, son premier court-métrage, qui pose les bases de son style inimitable : des caricatures grivoises, un minimalisme graphique épuré, et une dose d’érotisme teintée de poésie.
Un maître de l’animation indépendante
En 1961, Kuri fonde son propre studio d’animation et produit une série de courts-métrages qui repoussent les limites de la créativité. Parmi ses œuvres phares figurent Zoo humain (1962), Love (1964) et Au Fou! (1967). Ces films, salués pour leur audace visuelle et narrative, explorent des thèmes existentiels avec une touche d’humour noir et d’irrévérence.
Kuri se distingue également sur la scène internationale : il remporte une mention spéciale au Festival d’Annecy en 1963, avant de recevoir un prix honorant l’ensemble de sa carrière en 1993.
Un artiste aux multiples talents
Outre son apport à l’animation, Yoji Kuri a enrichi l’art sous diverses formes, notamment la peinture, la sculpture et la bande dessinée. Son Crazy Manga, publié en 2017, lui a valu le Grand Prix de l’Association des auteurs de bande dessinée japonais. Il est également devenu le premier Japonais à siéger au conseil d’administration de l’Association internationale du film d’animation (Asifa), consolidant son rôle de figure emblématique dans l’histoire de l’animation.
Un héritage impérissable
Avec près de 1000 films à son actif, Yoji Kuri a redéfini les possibilités artistiques de l’animation japonaise indépendante. Son influence dépasse les frontières du Japon, inspirant des générations d’animateurs et de cinéastes à explorer des formats expérimentaux et des récits audacieux.
Une disparation importante pour la culture
La disparition de Yoji Kuri marque la fin d’une époque pour l’animation indépendante. Son œuvre, mêlant satire, poésie et innovation, continue d’inspirer et de repousser les limites de l’art cinématographique. Alors que ses films demeurent intemporels, l’héritage de cet artiste visionnaire restera gravé dans l’histoire de l’animation.