Le 20 novembre 2025, le Conseil de Paris a rejeté une subvention de 500 000 € destinée à soutenir 40 librairies indépendantes de la capitale. Cette aide visait à encourager des projets de rénovation, la modernisation des locaux, l’accessibilité, l’amélioration de l’offre ou encore la sobriété énergétique. Or l’association Paris Librairies, qui regroupe plus de 200 libraires de quartier, dénonce ce vote comme une manœuvre politique orchestrée par le porte-parole du groupe des Républicains, qui a torpillé le dispositif.
Selon l’association, la mesure n’avait rien de partisan : parmi les librairies concernées, 12 se trouvent dans des arrondissements administrés par la droite. Le rejet de la subvention apparaît donc comme une décision ciblée — et non un effet collatéral d’un désaccord budgétaire — ce qui provoque stupeur, désarroi et colère parmi les acteurs du livre à Paris.
Une profession fragile déjà mise à rude épreuve
Les librairies françaises font face à de nombreuses contraintes : marges très faibles, loyers commerciaux élevés, coûts de l’énergie en hausse, concurrence du commerce en ligne, baisse du pouvoir d’achat, et remboursement des prêts garantis par l’État contractés pendant la pandémie. Cette conjoncture rend l’investissement dans la rénovation ou la modernisation presque impossible sans soutien extérieur.
La subvention proposée constituait donc une bouffée d’oxygène et un levier concret pour améliorer l’attractivité des commerces, favoriser l’accueil des publics, renforcer la visibilité de petites enseignes et préserver le tissu culturel de proximité. Son rejet risque d’affaiblir encore davantage ces librairies, déjà en grande difficulté.
Une décision perçue comme une sanction politique
Pour Paris Librairies, le refus de la subvention ne vise pas seulement l’économie, mais porte une atteinte grave à la liberté d’expression et au pluralisme culturel. L’association affirme que le rejet du dispositif constitue une punition contre une librairie pour sa ligne éditoriale, dans un contexte marqué par des actes de vandalisme, des agressions verbales et des intimidations ciblées ces dernières semaines.
Selon elle, ce vote envoie un signal inquiétant : plutôt que de condamner fermement ces agissements, les élus auraient légitimé l’intimidation et mis en péril l’existence même de certaines librairies. Ce coup porté au réseau des librairies indépendantes est pour l’association un symptôme de dérive politique.
Paris Librairies : Appel à la réinscription de la mesure pour décembre
L’association Paris Librairies appelle à ce que la délibération soit réinscrite à l’ordre du jour du Conseil de Paris prévu en décembre. Elle demande aux élus parisiens, dans la plus large majorité, d’adopter la mesure dans son périmètre initial — sans conditions ni exclusions liées à la ligne éditoriale des librairies.
Pour Paris, c’est un enjeu fondamental : préserver la diversité culturelle, le maillage local, l’indépendance des librairies et garantir l’existence d’un réseau capable de résister aux pressions économiques, idéologiques et sociales.
Défendre le pluralisme culturel est plus qu’un symbole
Les librairies sont des lieux de rencontre, de débat, de découverte, des piliers du pluralisme littéraire et culturel. Les fragiliser, c’est fragiliser une part de notre patrimoine immatériel, de notre démocratie culturelle, de notre capacité à accueillir des voix diverses, à défendre la liberté d’expression et la diversité des idées.
Le rejet de cette subvention — pourtant modeste et à portée locale — pose la question de l’engagement réel des collectivités pour la survie des indépendants. À l’heure où le commerce en ligne et la concentration menacent l’existence de nombreux libraires, la solidarité publique aurait dû être un réflexe. Mais ce vote a renversé l’ordre attendu.
Un signal d’alarme pour les librairies parisiennes
Le refus de l’aide de 500 000 € par le Conseil de Paris constitue un coup dur pour les librairies indépendantes. Plus qu’un simple désaccord budgétaire, il s’agit, selon Paris Librairies, d’un geste politique symbolique qui menace l’existence de commerces de proximité, la diversité culturelle et la liberté d’expression. L’appel à réinscrire la mesure en décembre sonne comme un dernier recours pour sauver un réseau essentiel à la vie culturelle de la capitale.
La librairie n’est pas un commerce comme les autres : c’est un espace de culture, de débat, de résistance. Protéger les librairies, c’est protéger la démocratie culturelle.