Titre : Filles bleues
Auteur : Ivar Ch’Vavar
Editeur : Lurlure
Genre : Poésie
21 €
Ibsn : 979-10-95997-65-8
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4ème de couverture/Résumé
En 2018 Ivar Ch’Vavar, consacre son dernier poème à une mouette, posée sur la plage de Berck. Six ans plus tard il entreprend de recycler – pour un nouveau livre ¬la plupart des textes qu’il a consacrés à cette plage, son lieu.
Là il va retrouver cette mouette (et d’autres) et une troupe assez nombreuse de filles, certaines elles-mêmes poètes – Évelyne Nourtier, gloire locale, Sylvia Plath, qui a écrit un long poème, Berck-Plage, qu’Ivar a traduit en français et en berckois (une forme du picard).
Sur ces prémisses aventureuses (ou hasardeuses), de larges perspectives, bientôt, se dessinent, au long desquelles Ivar reconfigure ses textes, sans souci du temps qui passe (les écrits les plus anciens ont plus de quarante-cinq ans), ni des thèmes, ni des formes, ni des, langues.
Cet ensemble étonnant est présenté et annoté par deux femmes, Alix Tasseme-mouille et Adrienne Vérove, et constitue en définitive, en même temps qu’un hommage sensible aux filles, un des ensembles poétiques les plus salubres et les plus libres d’aujourd’hui.
‘var Ch’Vavar est né en 1951 à Berck, dans le Pas-de-Calais, et vit à Amiens. Il a publié de nombreux ouvrages, en français et en picard. Il a dirigé plusieurs revues, notamment L’Invention de la Picardie (1985-1995) et Le Jardin ouvrier (1995-2003).
La chronique de P. Blondeau
Pour qui ne connaitrait pas encore la poésie d’Ivar Ch’Vavar ce livre vient à point nommé car il constitue peut-être la meilleure porte d’entrée dans une ouvre pour le moins singulière. C’est peu, d’ailleurs, de dire que cette œuvre est singulière : elle est unique. Unique d’abord par la forme car non contente d’affirmer haut et fort la primauté du vers elle lui impose parfois des contraintes peu communes (le nombre de mots pour les vers arithmonymes, la longueur millimétrique pour les vers justifiés). Unique par le style ou voisinent des images d’une précision saisissante, des échappées d’une oralité violente, des mots rares goûtés avec gourmandise (qu’ils soient picards, savants ou argotiques). Unique aussi par son caractère collectif : personnes réelles et hétéronymes fantaisistes se mêlent volontiers comme cette équipe de « filles bleues » qui constituent le personnel poétique essentiel du livre. Unique enfin par son imaginaire, condensé ici en un lieu fondateur : la plage de Berck. Alors, poésie régionaliste ? Pourquoi pas, au sens où il faut d’abord être de quelque part pour prétendre à l’universel.
Filles bleues est annoncé comme « recyclage ». Il reprend, dans l’imposante bibliographie d’Ivar Ch’Vavar, des textes anciens et rares, ou plus récents, réagencés dans un ensemble d’une évidente unité, qu’il vaut donc mieux lire dans sa continuité. Car il ne s’agit pas ici d’un recueil, encore moins d’une anthologie, mais bien d’une recréation. Unité de lieu et de personnages, fragments d’un discours théorique ou réflexif : tout l’univers d’Ivar Ch’Vavar est bien là, dans cette longue promenade hallucinée, polyphonique et diverse, sur la plage de Berck chère à Sylvia Plath.
Les amateurs de belle couleur locale peuvent s’abstenir mais les curieux d’ovnis littéraires se régaleront.
Chronique de P. Blondeau