La plateforme Open Library, satellite d’Internet Archive, a évité de peu le sort réservé à d’autres sites de téléchargement illicite. Alors que le tribunal de l’entreprise de Bruxelles avait ordonné le 16 juillet 2025 le blocage de cinq sites accusés de diffuser des ouvrages sous droits sans autorisation, le site reste accessible en Belgique, contrairement à Library Genesis, Z-Library, Oceanofpdf et Anna’s Archive.
Une bibliothèque numérique sous surveillance
Créée par Internet Archive, Open Library se présente comme une bibliothèque en ligne où les utilisateurs peuvent emprunter des ouvrages numériques selon un système de prêt limité, proche de celui des bibliothèques publiques. Ce modèle, relancé pendant la pandémie de Covid-19, permettait de mettre à disposition des livres scannés légalement à partir de collections physiques.
Cependant, les éditeurs et ayants droit y voient une violation massive du droit d’auteur. Aux États-Unis, quatre grands groupes éditoriaux — Hachette, HarperCollins, Penguin Random House et John Wiley & Sons — ont déjà remporté un procès contre Internet Archive en 2023. En Belgique, plusieurs organisations professionnelles, dont l’ADEB et la SCAM, ont engagé une procédure commune visant Open Library et d’autres plateformes.
Pourquoi Open Library échappe au blocage
Contrairement aux autres sites visés, les autorités belges ont pu identifier les responsables d’Open Library, rendant possible une concertation entre les parties. Le Service fédéral de lutte contre les atteintes au droit d’auteur estime qu’un dialogue doit être engagé avant toute mesure radicale. Cette ouverture laisse entrevoir une régulation plus souple que le simple blocage par les fournisseurs d’accès à Internet.
Le débat sur le droit d’auteur relancé
Du côté des éditeurs, la position est claire : toute diffusion d’œuvres protégées sans autorisation constitue une infraction. Pour Carine Lecomte, directrice générale de l’ADEB, Open Library doit se limiter aux contenus libres de droits pour éviter de nouvelles actions en justice.
Cette affaire illustre les tensions persistantes entre la préservation du patrimoine numérique, mission affichée par Internet Archive, et la protection de la propriété intellectuelle, pilier de l’économie du livre. Elle met également en lumière la difficulté des États à trouver un équilibre entre accès à la culture et respect du droit d’auteur à l’ère numérique.