L’Académie française a couronné la romancière haïtienne Yannick Lahens pour son roman Passagères de nuit, publié aux éditions Sabine Wespieser. Une œuvre de mémoire et de résistance, portée par la voix des femmes et l’héritage créole, qui s’impose comme l’un des grands textes littéraires de cette fin d’année 2025.
Yannick Lahens, une écrivaine de lumière pour un prix prestigieux
Le Grand Prix du Roman de l’Académie française 2025 a été attribué à Yannick Lahens au troisième tour de scrutin, par 11 voix contre 10 à Pauline Dreyfus, auteure de Un pont sur la Seine (Grasset). Une victoire serrée mais symbolique : celle d’une plume caribéenne qui continue de faire rayonner la littérature francophone à travers le monde.
Dans Passagères de nuit, Yannick Lahens déploie une fresque traversée par la mémoire des femmes, de La Nouvelle-Orléans à Port-au-Prince. On y suit Élizabeth, née en 1818, affranchie, commerçante et initiée au vaudou, et Régina, jeune femme en quête de liberté en 1867. Deux destins entrecroisés, deux échos d’une même soif d’émancipation face à l’oppression. Par cette double narration, l’autrice célèbre les femmes debout, celles qui refusent d’être réduites au silence et inscrivent leur force dans l’histoire.
Une œuvre au service d’Haïti et des voix féminines
Née à Port-au-Prince en 1953, Yannick Lahens est professeure, essayiste et militante. Lauréate du prix Femina 2014 pour Bain de lune et du Prix Carbet de la Caraïbe pour l’ensemble de son œuvre, elle explore dans chacun de ses textes les liens entre mémoire collective, identité et dignité des peuples caribéens.
Avec Passagères de nuit, elle poursuit cette démarche humaniste : redonner voix à celles que l’histoire a oubliées, et faire vibrer l’âme d’Haïti à travers une prose poétique et ardente.
Une édition 2025 riche en talents
Yannick Lahens succède à Miguel Bonnefoy, lauréat 2024 pour Le Rêve du Jaguar (Rivages). Cette année, elle devançait également Alfred de Montesquiou, finaliste avec Le Crépuscule des hommes (Robert Laffont).
Le prix, doté de 10 000 euros, distingue chaque automne un roman d’expression française marquant par la qualité de son style et la portée de son message.
Un message universel de Yannick Lahens
En choisissant Passagères de nuit, l’Académie française salue non seulement une écriture exigeante mais aussi une vision du monde : celle d’une humanité en lutte contre l’oubli et l’injustice.
À travers ses héroïnes, Yannick Lahens nous rappelle que la littérature reste un espace de résistance et de lumière — un lieu où la mémoire s’écrit pour que jamais les voix du passé ne s’éteignent.