Jordan Bardella, président du Rassemblement national et député européen, s’impose aussi comme un auteur particulièrement rentable. Entre 2024 et 2025, l’homme politique a perçu près de 720 000 € net grâce aux ventes de son livre Ce que je cherche, publié aux éditions Fayard, propriété du groupe Bolloré. Une rémunération exceptionnelle dans le paysage éditorial français, qui soulève de nombreuses interrogations sur les liens entre édition, politique et exposition médiatique.
Une rémunération déclarée à la HATVP
Comme tous les députés européens, Jordan Bardella a dû déposer sa déclaration d’intérêts auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
En 2024, puis dans une déclaration modificative en 2025, il signale une nouvelle activité rémunérée : celle d’auteur.
Selon les éléments repérés par Libération, Bardella a reçu :
- 88 068 € d’à-valoir pour Ce que je cherche (paru en novembre 2024),
- 640 147 € de droits d’auteur perçus en 2025 sur les ventes du livre.
Au total, 728 215 € ont été versés à l’élu, soit environ 3,4 € par exemplaire vendu, pour 212 782 copies écoulées selon Edistat.
Un succès commercial dopé par une forte exposition médiatique de Jordan Bardella
Le livre de Bardella arrive dans un contexte de forte visibilité médiatique, notamment au sein des chaînes contrôlées par Vincent Bolloré.
Le projet aurait été coécrit ou largement aidé par le journaliste Jean-François Achilli, et a bénéficié d’une importante campagne de communication, allant des plateaux TV aux panneaux publicitaires dans les gares, même si certains contrats n’ont finalement pas été menés à terme.
Bardella, Villiers, Zemmour : la bataille des ventes d’extrême droite
Le succès de Ce que je cherche place Jordan Bardella dans le trio de tête des auteurs d’extrême droite les plus vendus, derrière :
- Philippe de Villiers, en première place avec Mémoricide (229 759 exemplaires),
- Bardella, deuxième,
- Éric Zemmour, plus loin avec La messe n’est pas dite (51 681 ventes).
En 2025, une nouvelle « compétition éditoriale » s’engage avec la sortie du second livre de Bardella, Ce que veulent les Français, déjà vendu à 57 000 exemplaires, tandis que de Villiers domine de nouveau avec 121 185 ventes de Populicide.
Fayard, grand gagnant du marché des essais politiques
Derrière ces performances individuelles, un gagnant se détache : Fayard.
L’éditeur a généré :
- 509 000 € de chiffre d’affaires avec Zemmour,
- 1,3 million € avec Bardella,
- 2,6 millions € avec de Villiers.
Soit 4,4 millions € TTC en une année rien qu’avec ces trois auteurs.
Cette stratégie éditoriale conforte l’image d’un catalogue orienté vers les figures médiatiques de l’extrême droite, d’Alain de Benoist aux personnalités proches de CNews.