Titre : Emazora tome 1 : L’esprit à la couronne fleurie
Auteur : Claire Ivacci
Editeur : Pyrélion
Genre : Roman, fantastique, fantasy, romantasy
23,90 €
Ibsn : 290078218X
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4ème de couverture/Résumé
Dans un Japon où la frontière entre le spirituel et le terrestre est mince, Hanaé est un esprit mineur, au service des dieux du Palais de la Mémoire, où elle se plaît à archiver les souvenirs des humains au sein du Mokuzaï, l’immense bibliothèque de son royaume. Mais lorsqu’un drame énigmatique ébranle ce dernier, elle se trouve subitement élevée à un statut divin et se voit assigner une lourde tâche dans un monde qui n’est pas le sien et qu’elle n’a vu qu’à travers des souvenirs. Tout son quotidien bascule quand elle est forcée d’emprunter une identité factice pour rejoindre la dimension humaine, au cœur d’un empire qu’elle découvre pavé d’obstacles et peuplé de cœurs cupides.. Yuudai est le meilleur Chasseur de son clan. Impitoyable et talentueux, il passe son temps à traquer les créatures extraordinaires et spirituelles en tout genre, avant de vendre leurs atouts et reliques magiques aux commerçants du marché des Ombres. En plus de faire partie de cette élite de la nation, tous lui prédisent la future place de chef, qui lui offrirait la reconnaissance et la liberté dont il a toujours rêvé. Alors, le jour où il est témoin de la puissance évidente d’un mystérieux esprit cervidé qui arpente Kyoto, Yuudai n’a plus qu’une seule idée en tête : le capturer à tout prix.
La chronique de La rédaction
Il y a des romans qui ne se contentent pas de raconter une histoire : ils ouvrent une porte. Emazora est de ceux-là. Dès les premières pages, Claire Ivacci nous entraîne dans un monde où la réalité se fissure pour laisser apparaître une dimension spirituelle d’une beauté saisissante, dangereuse parfois, mais toujours empreinte d’une poésie rare.
Ce premier tome s’ouvre sur l’empereur Razan, figure imposante, écartelée entre les obligations d’un pouvoir écrasant et une quête personnelle qui dévore tout le reste. Ce prologue — somptueux, théâtral, presque cérémoniel — plante un décor où traditions, secrets et ambitions se nouent dans les couloirs du palais. L’écriture est précise, visuelle, d’une élégance maîtrisée. On sent tout de suite que quelque chose d’immense couve sous la surface. Puis vient Yuudai. Et avec lui, un changement de rythme, de souffle. Chasseur d’esprits solitaire, droit et taciturne, il traverse Kyoto comme une Ombre, méprisé par certains, admiré par d’autres. Son introduction est l’un des moments les plus forts du livre : une traque en forêt, silencieuse, nerveuse, presque animale. La nature, glacée, vibrante, est un personnage à part entière. Yuudai, lui, possède cette aura profonde des héros qui n’ont pas demandé leur destin, mais l’acceptent avec une loyauté sans faille. C’est un personnage magnifique, immédiatement attachant dans sa retenue.
Et puis, soudain, Claire Ivacci renverse encore une fois la perspective en nous emmenant du côté d’Hanaé, Archiviste dans le Mokuzaï — une bibliothèque infinie où sont conservés, classés et parfois reliés les souvenirs humains. Ces chapitres sont d’une beauté vertigineuse. L’autrice y révèle un talent rare : celui de rendre palpable l’impalpable. Le Mokuzaï devient un lieu de fascination totale, lumineux ou oppressant selon la nature des souvenirs qui s’y trouvent. Hanaé, sensible à l’excès, fragile dans un univers où les émotions ne devraient pas exister, porte en elle une délicatesse bouleversante. Sa peur des souvenirs sombres, sa capacité à absorber la douleur humaine, son désir de comprendre ce qu’elle a perdu d’elle-même… tout en elle respire la tendresse et la mélancolie.
C’est peut-être là la plus grande force d’Emazora : réussir à articuler trois récits, trois tonalités, trois vibrations, sans jamais rompre l’unité de l’univers. L’imaginaire de Claire Ivacci est immense mais parfaitement cohérent, nourri autant de folklore japonais que de poésie personnelle. L’autrice prend le temps de peindre, de faire ressentir, de s’attarder sur la nuance et la sensation. La dimension spirituelle n’est jamais un simple décor : elle reflète les failles des personnages, leurs manques, leurs espoirs. La plume, elle, est d’une grande finesse. Sensorielle, presque musicale, parfois cinématographique, elle accompagne le lecteur dans des paysages intérieurs et extérieurs d’une richesse inouïe. On sent la passion derrière chaque scène : passion pour le Japon, pour l’imaginaire, pour les émotions humaines que les esprits, paradoxalement, incarnent parfois mieux que les hommes eux-mêmes.
Emazora – L’Esprit à la Couronne Fleurie est un premier tome abouti, ambitieux, qui prend le temps d’installer son univers sans jamais perdre son lecteur. On referme ces pages avec la sensation d’avoir traversé un seuil, comme si un souffle ancien avait frôlé notre nuque et qu’une promesse venait d’être faite : celle d’une saga qui grandira avec nous, de personnages qui n’ont pas encore dévoilé tous leurs secrets, d’un monde où la mémoire, le spirituel et l’humain se tiennent par la main.
Un début lumineux, intense, et profondément émouvant.
Une lecture qui marque.
Chronique de La rédaction