Le garçon from L.A de Tadzio Alicante
Genre : Roman
Éditions Ex Aequo (128 pages ) Broché 12€, Kindle 3,99€
Résumé / synopsis
L’amour sous fond de fin du monde. Christian est californien. Christian est blond et beau comme le soleil, vit sans filtre et rêve de la France. Il traverse l’océan Atlantique qui le sépare de l’Europe pour être assistant d’anglais dans un lycée français. Jonathan est français ; il accumule les plans d’un soir, les amours éphémères et traîne sa vie. Un soir gris et pluvieux d’octobre, les deux garçons se croisent sur une place désertée. Quelque chose arrive, quelque chose de grave, sublime et qui prend la forme d’une obsession de la part du Français pour l’Américain. Jusqu’où ira cette dépendance ? Qu’adviendra-t-il de lui si son Christian, né sur un continent si éloigné du sien, décide de repartir ? Quelle sera l’issue pour eux alors que les hommes se meurent ? Le garçon from L.A, empreint d’une forte influence américaine, révèle une construction narrative éclatée qui fait écho aux sentiments du narrateur. Divisé en trois parties, la première et la dernière possèdent des caractéristiques scénaristiques alors que la partie centrale, fragmentée en 65 moments, mêle prose poétique et lyrisme.
Avis du chroniqueur sur Le garçon from L.A
C’est le récit d’un amour, d’un désir « j’ai jamais su faire la différence entre ces deux sentiments. », dit Jonathan, (p.62). Une écriture filmique, souvent en caméra subjective, incisive, dont la toile de fond est la pandémie apocalyptique qui a frappé le monde.
Le narrateur, omniscient lorsqu’il relate la vie des personnages qui se croisent, s’aiment et se défont à Paris ou à Los Angeles, devient en même temps Jonathan, personnage central, lorsqu’il prend les commandes en s’exprimant au « je ».
Le roman est construit en trois partie suivies d’un épilogue pour entraîner le lecteur dans le déroulé de cette histoire entre deux êtres dont la rencontre inopinée va bouleverser la vie.
Jonathan a vécu d’éphémères rencontres, des « plans cul » plus ou moins heureux, plus ou moins amoureux, jusqu’à celle de Christian le californien qui devient pour lui « le sacré mis à nu rien que pour moi » (p 53), son « Épiphanie« . En soixante-cinq « Fragments », comme autant d’instantanés, leurs amours s’épanouissent, et le narrateur se fait poète pour les évoquer. Il explore le champs lexical religieux, de la sacralité pour dire l’amour, tout en flirtant avec des mots plus crus pour exprimer son bonheur, sa folle dilection (p. 93). Cependant, le « garçon from L.A » doit repartir vers son Amérique natale, et c’est alors la déréliction pour Jonathan, « l’immersion totale dans une tristesse liquide qui a le goût de l’océan Atlantique. » (p. 104 )
Où se situe la frontière entre fiction et réalité ? Qu’est-ce d’ailleurs qu’une fiction ? Jonathan relit « La Mort à Venise« , bouclant la boucle, écho au premier paragraphe du roman où le regard du lecteur-spectateur était guidé vers le même livre posé sur la table de nuit de Christian, à L.A.
Clin d’œil de l’auteur, dont le prénom est celui du jeune homme de Thomas Mann ?
Tadzio Alicante signe un premier livre très abouti, très travaillé, dont le style évoque certains auteurs américains qu’il semble affectionner (Bret Easton Ellis est évoqué). Une plume résolument littéraire, d’une grande sensualité, d’une sensibilité à fleur de peau, qui joue sur la poésie, sur la beauté des mots soigneusement choisis, tout en flirtant avec ceux, plus bruts des scènes d’amour entre deux hommes. Une fin – parce qu’il en faut une, dit le narrateur- surprenante et déjantée, qui assène au passage quelques coups de griffe à l’homophobie.
Dans le paysage de la belle et bonne littérature érotique, un auteur à suivre, dont on espère d’autres opus…
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