Le dramaturge Nanoq Atuinnaq nous présente Anne de Bretagne

Crédit : Marineglb.

A l’occasion de la récente parution de sa pièce de théâtre Anne de Bretagne – partie 1, Nanoq Atuinnaq, auteur et dramaturge d’Indre-et-Loire s’est confié à notre rédaction.

L’étendue de mes recherches historiques sur elle m’a fait découvrir toute la complexité et la richesse de sa vie, de son impact sur l’époque et sur son entourage.

Communié avec ma passion pour la dramaturgie, cela m’a amené à créer une pièce de théâtre et de lui donner le rôle principal.

Ainsi, je voulais que mon récit s’appuie à rectifier une vérité que l’Histoire tente de faire oublier.

Oui, les femmes l’ont écrite autant que les hommes et parfois elles eurent un rôle prépondérant.

Pour Anne de Bretagne, elle sera au cœur des grands événements politiques et culturels de son époque ; réussissant à défendre l’autonomie de son duché et de lui obtenir des privilèges alors qu’elle est, au début de son règne, vaincue.

Rare furent les souverains et seigneurs qui ont su faire preuve d’habileté politique, alors que leurs situations ne furent pas aussi désespérées que la duchesse, pour conserver des ambitions élevées.

Culturel, c’est le début de la renaissance et Anne sera une actrice de premier ordre dans son développement à la cour de France. Les guerres d’Italie commencent et elles ramènent au royaume tous les arts des cités-états de la péninsule : sculpture, peinture, architecture, théâtre marionnettiste, etc.

Alors seule, car les hommes sont au front pour des conflits qu’ils finiront toujours par perdre, elle donne accès aux femmes de vivre à la cour de France, et même si la loi salique régit toujours le royaume elle leurs donne par ce moyen d’exister là où autrefois le pouvoir les ignorées.

Ces changements de mœurs et culturels s’encreront dans la société royale jusqu’à trouver leurs apogées lors du règne de Louis XIV.

L’Histoire elle seule, regorge de tant d’événements qu’elle en est déjà passionnante.

Au travers de mon travail de documentation, je voulais en être le plus fidèle, tout en développant mon intrigue, prenant des libertés sur de rares points.

La littérature quant à elle, peut facilement créer un pont entre notre imaginaire et l’époque dite.

En narrant la vie de ces figures historiques, nous arrivons à les humaniser, alors que leurs privilèges et statuts sont inimaginables dans notre présent.

À nous identifier à eux aussi, à leurs choix, à leurs caractères qui ne diffèrent pas des nôtres et alors que des siècles nous séparent.

L’idée était d’allier la créativité d’une œuvre dramaturgique à la passion et aux secrets que regorge l’Histoire pour l’observer sous un angle différent au simplisme que beaucoup tentent de lui donner aujourd’hui.

Le pouvoir est une lourde responsabilité généralement donnée à un seul individu, si cela a souvent poussé l’humanité au bord de l’abîme, ce devoir fut confié essentiellement aux hommes.

Reléguant les femmes dans l’ombre, elles subissent des conditions qui les obligent et s’y résignent pour leur survie.

Je voulais lier ces thèmes pour les interroger les uns avec autres.

Quelle autre destinée la vie de ces femmes, privée de pouvoir, aurait-elle pu avoir ? Et quel impact cela aurait-il eu dans nos sociétés ?

La vie d’Anne de Bretagne est un parfait exemple à ces questionnements.

Bien qu’elle va s’affranchir de ces conditions violentes, elle ne réussit pas complètement à être libre et c’est son isolement parmi les hommes qui l’en empêche.

Le fait de montrer son héroïsme contre la domination des hommes n’est pas suffisant. Il faut comprendre tout le pouvoir qui lui a était privée, ce qu’elle aurait pu en faire, et les conséquences que cela aurait eu pour les femmes dans tout le royaume de France.

En premier lieu, c’est pour une raison technique concernant le jeu.

L’idée est qu’un vers représente une pensée, quand on change de vers on change de pensée peu importe si c’est le même personnage qui s’exprime, ainsi les acteurs comprennent aisément le sens du texte.

Cela aide également les lecteurs peu habitués à la littérature théâtrale. En faisant ainsi, ils ont une meilleure lecture du texte où beaucoup d’émotions et d’informations s’entremêlent entre les scènes et les personnages.

C’est une jeune souveraine isolée qui est exposée très vite à de grandes responsabilités et de terribles drames auxquelles peu y furent confrontés, et pourtant elle fait preuve d’une grande résilience pour les surmonter.

Également, malgré sa jeunesse, elle n’est pas naïve, elle se sait esseulée dans une cour de France qui la prive de moyens et la réduit au rôle concevoir des héritiers.

Faisant preuve d’intelligence et de courage, elle cherche par tous les moyens de se libérer des griffes du pouvoir royal français qui agit sur elle au quotidien.

Si son premier règne fut celui de subir le poids de la défaite de son père, et d’ignorer ce que le pouvoir royal de France peut lui faire endurer,

Son second sera tout autre, pour une personnalité faite pour gouverner, qui ne prend pas la couronne de France une seconde fois pour subir.

A noter que Nanoq Atuinnaq sera présent sur plusieurs évènements prochainement pour rencontrer ses (futurs) lecteurs :

– Lamotte-Beuvron – 22 & 23 mars Salle du Moulin Parc Equestre Fédéral

– Plabennec – 30 mars – Salle Marc Bouguen

– Plumaugat – 14 juin 2025 – Place du commerce

Crédit photo : MarineGlbt.

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